C'est la première fois pour moi que je participe aux JA de la psychomotricité, nouvelle expérience avec deux regards : participante et intervenante. Je vous présente ici mon avis purement subjectif.
Les JA de Brest en tant que participante :
J'ai pu assister à des interventions de grandes qualités, certaines avec une super méthodologie, d'autres très profondes et touchantes, d'autres encore qui m'ont vraiment redynamisée, je pense notamment à (liste non exhaustive) :
Aude Paquet : étude des perceptions et représentations de l'intérieur du corps dans l'anorexie mentale
Charlotte Paumel : présentation de son test expérimental le T-DIC (dessin de l'intérieur du corps)
Agnès Hélias- Péan : spécificité des PM dans les APA
Eléonore Durant : l'identité dans le cadre d'une incarcération
Maud Albert, Marielle Sabinot et Murielle Gajan qui ont donné la parole à des patient.e.s (dont une patiente experte) et des professionnel.le.s sur la question de l'identité corporelle.
Anne Vachez-Gatecel : psychomotricité au service de l'exploration de l'identité de genre.
La pertinence de la réflexion clinique de ces interventions m'a particulièrement plu.
Aussi, il y a eu des interventions où j'ai eu plus de mal à suivre, non pas par manque d'intérêt mais parce que la méthode de présentation ne m'a pas aidé à rester attentive.
D'autres présentations où j'ai eu plus de mal à m'y retrouver, avec un versant très psychanalytique qui ne faisait pas vraiment sens dans ma pratique. Je pense à celle (avis totalement subjectif) :
de Dorota Chadzynski sur l'apport du lestage pour une patiente avec un diagnostic TSA tardif. Lors de cette présentation, je n'ai pas pu m’empêcher de penser aux recommandations de bonnes pratiques de l'HAS, notamment sur la question sensorielle et l'apport de l'intégration sensorielle dans ce cadre. L'apport analytique ici n'était, à mon sens, pas l'approche pertinente, étant donné que les troubles proprioceptifs sont connus dans le TSA avec des protocoles d'évaluation et de traitement qui ont prouvé leur efficacité.
de Fabian Joly sur la question transgenre. J'ai d'abord été interpellé par le début de la présentation qui évoquait la "problématique du genre". Mon paradigme est différent, je ne pense pas le genre comme étant une problématique mais comme une composante de l'individu, je parle alors de questionnement. J'ai aussi entendu la notion de prévalence et d'explosion des consultations. L'HAS déclare que :
"selon une revue systématique de la littérature, à ce jour, la prévalence de la dysphorie de genre chez l’adolescent (âgés de 12 à 18 ans) ne peut pas être établie". (2022, p.7)
"les estimations du nombre de personnes qui s’identifient comme transgenre varient selon la façon dont les échantillons de la population sont questionnés sur l’identité de genre" (2022, p.2)
Outre cela, j'ai particulièrement apprécié comment le CO a réussi à inviter l'Art tout au long du congrès comme des intermèdes (musicaux, chantant, spectacle, etc.) pour mieux intérioriser les présentations et (aussi) vivre l'identité finistérienne. Je pense particulièrement à la performance d'Emma Body qui m'a particulièrement bouleversée sur son coming-out non binaire et comment elle incarne sa féminité. Le dessinateur satiriste Blequin était aussi présent tout le congrès et a fait des pépites durant pleins d'interventions. Je vous mets ci-dessous celles correspondantes à mon intervention.
Les JA de Brest en tant qu'intervenante
D'un point de vue très organisationnel, je me suis sentie accompagnée avec des deadlines (et j'en ait vraiment besoin) à chaque étape, j'ai été vraiment accueillie pendant le congrès et c'est très agréable !
J'ai réalisé une intervention sur le soutien à l'affirmation de l'identité de genre en tant que psychomotricien sexologue. Mon cadre était celui de l'HDJ psychiatrique où je travaillait. J'ai voulu y faire passer des messages clés :
l'importance de ne pas pathologiser l'identité trans' avec l'acceptation de la multiplicité des parcours et de la non nécessité d'un suivi psychomoteur pour toustes les personnes trans'
l'importance de positionner son soin comme un soutien à l'exploration (et non avec une attente de transition ou non),
l'importance de promouvoir l'autodétermination et l'accueil inconditionnel des questionnements et explorations,
la clinique psychomotrice auprès des personnes trans n'est pas une clinique singulière mais plutôt un respect des singularités.
En somme, les JA de cette année ont été riches, j'ai ressenti cette envie d'ouvrir la pensée psychomotrice et d'offrir un programme intégratif où tous les courants de pensée pouvaient avoir leur place.
Le Comité scientifique, l'association de psychomot du finistère, l'équipe de l'IFP de Brest et Respir Formation ont construit et mis en oeurvre un programme et une organisation suffisamment cadrante et fun pour permettre un réel apport théorico-clinique dans une ambiance dynamique et bienveillante.
Bibliographie :
Dagorn, J. (2019). Arnaud Alessandrin, Sociologie des transidentités : Paris, Éditions Le
Coleman, E. et al. (2022) Standards of Care for the Health of Transgender and Gender Diverse People, Version 8. International Journal of Transgender Health, Volume 23, s1-s258, https://doi.org/10.1080/26895269.2022.2100644
Espineira, K. et Maud-Yeuse T. (2016), Transidentités : se donner un Corps, Corps trans, corps transformés. in Delory-Momberger C. (2016) Éprouver le Corps. [149-161]
Gerardin, P. Boudailliez, B. et Duverger. P. (2019) Médecine et Santé de l'Adolescent. Pour une approche globale et interdisciplinaire. Ed : Elsevier Masson
HAS, (2022) Note de cadrage. Parcours de transition des personnes transgenres https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-09/reco454_cadrage_trans_mel.pdf
Lombardi, R. et Pola, M. (2014). Corps, adolescence et psychose. Journal de la psychanalyse de l'enfant, 4, 141-183. https://doi-org.ezproxy.u-paris.fr/10.3917/jpe.007.0141
Potel, C. (2018). L’adolescent, son corps, ses “enjeux” : point de vue psychomoteur. Paris :In press.
Renoton-Lépine, C. (2012). La construction identitaire des adolescentes face au genre. L'Harmattan.
Versini, C. (2023). Genre, j’existe. Comment l'approche sexo-psychomotrice en service de psychiatrie peut-elle soutenir les adolescents et jeunes adultes présentant des troubles psychotiques dans l’affirmation de leur identité de genre ? Mémoire du DIU sexologie clinique et sexotherapie, Université de Paris]
Versini, C. (2022). La psychomotricité pour améliorer la santé sexuelle des adolescents et jeunes adultes en psychiatrie : le groupe “contact”. [Poster affiché aux Journées Francophones de Sexologie et Santé Sexuelle, Montpellier 2022]. https://www.jf3sexo.fr/wp-content/uploads/2022/09/Poster-09-La-psychomotricite-pour-ameliorer-la-sante-sexuelle-des-adolescents.pdf
Versini, C. (2021). La santé sexuelle des adolescents et jeunes adultes en hôpital de jour psychiatrique : pertinence d’un projet de groupe mené par la psychomotricienne. [Essai de DU Santé sexuelle et droit humains, Université de Paris]
WPATH (The World Professional Association for Transgender Health Association mondiale des professionnels pour la santé transgenre) (2013) Standards de Soins pour la santé des personnes transsexuelles, transgenres et de genre non-conforme.
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