Pour mieux comprendre chacune de ces disciplines vous pouvez retrouver des articles dédiés à la psychomotricité et à la sexologie sur mon blog.
Pourquoi un lien entre sexologie et psychomotricité ?
Psychomotricienne depuis 2016, j’ai pu constater, au fil de mon parcours, que la sexualité faisait partie intégrante de la clinique de tous les publics avec lesquels j’ai pu exercer.
Le questionnaire réalisé lors de mon travail de fin d’étude en psychomotricité (Versini, 2016) montre que, 90% des psychomotricien.ne.s (dès le début de la pratique professionnelle) ont déjà assisté à une manifestation sexuelle en séance. Par manifestations sexuelles j'entends : des conduites masturbatoires (sur soi ou utilisation de la thérapeute pour se frotter, etc.), des érections, des paroles ou questionnements, des propos crus, etc
Le.a psychomotricien.ne, spécialiste du corps offre un espace où le patient peut questionner ou faire émerger son rapport à son corps et a fortiori à sa sexualité.
De mon point de vue, le/la psychomotricien.ne, spécialiste du corps vécu, se doit de pouvoir accompagner les individus en proie à des questionnements inhérents à leur corporéité. La sexualité doit alors, faire partie du bagage théorico-clinique du/de la professionnel.le. Quelques psychomotricien.ne.s choisissent alors de se spécialiser au travers de la sexologie afin d’éclairer leur regard clinique au travers de nouveaux savoirs.
Important : Quand j'évoque la sexualité, j'entends toutes les dimensions de la sexualité : pensées (fantasmes, désirs), émotions, sensations (sensorialité et sensualité), corps (somatique et vécu) et socio-culturel. La sexualité ne se résume pas aux comportements sexuel mais intègre les dimensions bio-psycho-social de l'humain. Aussi, la vie sexuelle ne doit pas être négligée. L'OMS considère la vie sexuelle comme une des 5 branches de la santé humaine (avec la vie affective, la vie sociale, la santé physique et l'équilibre psychologique) (étoile de la santé de l'OMS en fin d'article).
Mais alors psychomotricité ou sexologie, faut-il choisir ?
A mon sens, pas toujours, on peut aussi utiliser son éclairage sexologique dans le cadre d'un soin psychomoteur ou utiliser l'approche psychomotrice dans la sexothérapie. Est-ce que cela ne deviendrait alors pas de la sexo-psychomotricité (j'aime dire sexomot') ?
Pour mieux comprendre ce qu'est la sexo-psychomotricité, Marine Rousseau-Delion l'a défini dans son travail de fin d'étude en sexologie. Il s'agit, selon elle, d'une trans-discipline qui tire son expertise des champs de compétences, de connaissances et de techniques thérapeutiques à la fois sexologique et psychomotrice.
Je compléterai cette définition par l'apport des spécificités de ces deux disciplines dans ma pratique.
L'approche psychomotrice, qui se caractérise par un réel engagement psycho-corporel du / de la thérapeute dans le soin permet la création d'une alliance thérapeutique forte et place le corps au centre du soin sexologique. Le corps du / de la patient.e devient la porte d'entrée pour mettre au travail la sexualité dans son ensemble. Sans cette spécificité psychomotrice, il devient alors plus complexe d'approfondir la question du corps de patient.e.s et encore plus d'offrir une pratique corporelle en séance.
Bien que la dimension corporelle soit toujours évoquée, la formation initiale de psychomotricité donne le/la sexologue une expertise complémentaire sur toutes les questions d'ordre psycho-corporelle, à la fois en termes de mise en sens des éprouvés corporels mais aussi de mise en corps des représentations.
Nota Bene : Quand je parle du corps, il ne s'agit pas seulement du corps propre (le corps physique) mais aussi le vécu du corps, les représentations du corps, l'investissement de notre corps, etc. Tout autant de notion qui font partie du socle de pensée des psychomotricien.ne.s.
La sexologie quant à elle, permets une réelle mise en lumière de certaines problématiques qui ne sont pas toujours évoquées en psychomotricité. En effet, si la question du corps est centrale en psychomotricité, la sexualité reste souvent taboue. Sans formation complémentaire, au diplôme d'Etat, il devient complexe pour le/ la psychomotricien.ne de prendre en soin la santé sexuelle. Le socle théorique de cette profession n'incluant que très peu ses questions dans la formation initiale. Néanmoins de plus en plus d'écoles choisissent de former les étudiant.e.s à toutes ces questions.
Aussi, sans indication sexologique dans le travail psychomoteur, le/ la thérapeute ne pourrait offrir au patient le soin d’une telle intimité sexuelle.
En somme, sexologie et psychomotricité sont pertinentes ensemble car elles permettent d'ouvrir un espace d'écoute et de soin au corps de l'intimité corporelle et sexuelle des patient.e.s. Ces deux disciplines (avec leurs spécificités et leurs limites) s’enrichissent mutuellement pour une vision globale et psycho-corporelle de la corporéité (intégrant la sexualité) du sujet.
En revanche, cette approche corporelle de la sexualité n'est pas unique. Il existe, en sexologie, l'approche sexo-corporelle qui se différencie de la sexo-psychomotricité. Nous l'évoquerons dans un prochain article.
Bibliographie :
AFA asso (2022) Etoile de la santé [IMAGE]. https://www.afa.asso.fr/toulouse-31-seances-collectives-detp/
Rousseau, M. (2021) La sexologie et le psychomotricien : travail transdisciplinaire auprès de la clinique de l’éjaculation prématurée. [Mémoire pour le diplôme inter-universitaire de sexologie, Université de Paris]
Versini, C. (2016). Psychomotricité et sexualité La sexualité dans la prise en charge d’adolescents en psychomotricité. [Mémoire pour l'obtention du diplôme d’état de psychomotricité, IRFP-EMAP La Réunion]
Versini, C. (2023). Genre, j’existe. Comment l'approche sexo-psychomotrice en service de psychiatrie peut-elle soutenir les adolescents et jeunes adultes présentant des troubles psychotiques dans l’affirmation de leur identité de genre ? [Mémoire pour le diplôme inter-universitaire de sexologie, Université de Paris].
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